L’optimisme est une affaire sérieuse et pourtant souvent mal comprise. Tantôt considéré comme « indécent », tantôt comme « naïf » dans une France qui ne jure que par la « réalisme » qui, au fond, n’est que du pessimisme et du cynisme non assumé. Souvent de nature perplexe et insatisfaite, les Français ont du mal à cacher leurs inquiétudes. Au fond, c’est vrai : une guerre qui s’éternise en Ukraine, une crise économique et de l’énergie qui s’éternise, des conflits sociaux qui n’en finissent pas, des grèves à répétition, inflation, tensions géopolitiques…
Pourtant, c’est justement quand les temps sont durs que l’optimisme est d’actualité. C’est quand il pleut qu’on sort le parapluie !
L’optimisme est loin d’être une faiblesse ou un comportement naïf !
Différentes études cognitives et comportementales très sérieuses démontrent depuis quelques années que cet état d’esprit est une réelle compétence aux nombreuses vertus.
La confiance qu’elle génère est probablement l’une des plus puissantes. Cette confiance dont nous avons tous besoin pour affronter les inattendus, les peurs et les moments de doutes.
Ça tombe bien, car dans un environnement parfois ressenti comme oppressant, cette forme de conviction que nous allons nous en sortir est le fondement d’un esprit positif et engageant.
Voici mes 10 raisons d’être optimiste en 2023 :
1. La technologie est notre amie.
IA, NFT, robotisation de certains métiers, automatisation, dématérialisation… tout ceci fait bien peur et elles sont aussi le fruit de ce qu’on ne connaît pas. Tout ce qui est nouveau à tendance à créer de l’inquiétude. Les craintes que la technologie ne remplace les travailleurs humains sont aussi anciennes que la technologie et elles ont de nouveau été soulevées en novembre lorsqu’une société appelée OpenAI a lancé ChatGPT, un programme d’écriture automatisé. J’ai testé, c’est redoutablement bon ! Cependant, les experts en intelligence artificielle insistent depuis longtemps sur le fait que ces technologies ont des limites qui les empêchent de remplacer complètement les humains. Ouf !
Ces technologies prennent sur eux le côté le plus stressant pour qu’on puisse se concentrer sur la forme et le fond ou… à d’autres activités où nous serions plus utiles. Nous avons tous un penchant naturel à apprécier ce qu’on connaît depuis longtemps. Ça a toujours été ainsi et ça le sera encore pendant de nombreuses générations.
On ne s’en souvient pas, mais le monde a toujours créé des métiers là où d’autres ont définitivement disparus dans la même indignation que l’on observe aujourd’hui lorsque l’on voit des caisses automatiques au supermarché. Vous souvenez-vous des métiers d’allumeurs de réverbères, devenus obsolètes avec l’apparition de l’électricité ?
Ou encore des télégraphistes, les « demoiselles du téléphone » ou standardistes qui établissaient les communications entre interlocuteurs ? Et je ne parle même pas de tous les métiers que l’Humanité a connus, qui sont apparus et ont disparus au fil des siècles sans que cela ait de conséquence sur l’emploi et l’économie. Une innovation, une invention, une nouvelle idée, au début elle fait peur, puis elle suscite l'admiration, ensuite, une fois adoptée par tous, on se demande comment on a fait pour s'en passer. Ç’en a été de même aux prémices de l’électricité, de la locomotive (qui était d’abord accusée d’être une machine du diable, puis jugée mauvaise pour les yeux et dangereux pour les femmes enceintes), de l’automobile, du cinéma qui faisait fuir les spectateurs effrayés du train qui entrait en gare, du téléphone, d’Internet qui abrutirait les utilisateurs ou qui sonnerait le glas de nombreux commerces…
2. L’indisponibilité ou la raréfaction de l’énergie va se résoudre progressivement.
Si l’année 2022 était sous le signe de pénurie d’énergies, 2023 cela celle de l’innovation dans le domaine. Comme nous ne pouvons plus nous en passer, les plus grands esprits travaillent (et depuis des années déjà) sur des solutions de substitution ou d’optimisation. Les ingénieurs sont un peu plus près d’une nouvelle source d’énergie propre. Après une percée majeure dans la fusion nucléaire en décembre 2022, les investisseurs injectent de l’argent dans les entreprises qui souhaitent exploiter le type d’énergie qui alimente le soleil et les étoiles. La fusion, si elle pouvait être déployée à grande échelle, offrirait une source d’énergie sans pollution presque illimitée. La découverte est majeure : les scientifiques n’avaient jamais créé de réaction de fusion produisant plus d’énergie qu’elle n’en consommait. Bien qu’il puisse encore s’écouler des décennies avant que la fusion ne devienne une source d’énergie pratique, cette réalisation est un grand pas vers cette nouvelle source d’énergie.
3. La pression énergétique de ces derniers mois nous a poussé à adopter des comportements responsables en termes de consommation. On ne prend plus la voiture pour aller chez le boulanger à 800 mètres, on covoiture de plus en plus, on éteint des lumières non indispensables, on débranche les appareils qui ne sont pas utiles la nuit. Les français ont fait des économies d’énergie et adopté de nouveaux automatismes bons pour le porte-monnaie et la planète. Dans la même lignée nous devenons de plus en plus responsables en termes de gaspi. À compter du 1er janvier 2023, les enseignes de restauration rapide ont l’interdiction de servir les repas dans de la vaisselle jetable pour le service à table. Elles doivent désormais servir les plats dans de la vaisselle réutilisable. Seul le papier entourant un sandwich pour éviter qu’il ne se délite sera encore autorisé dans les restaurants. Autre mesure en faveur de la planète : bientôt la fin du ticket de caisse, à partir du 1er avril. Chaque année près de 30 milliards de facturettes sont imprimées et la plupart terminent à la poubelle alors que leur petite taille les rend « difficiles à collecter et à recycler ». Double effet kisscool de la mesure : plus besoin de passer des heures à chercher un vieux ticket, ils seront tous disponible dans une application !
4. L’essence de synthèse fait ses premiers pas.
Après des années de recherche, Porsche a décidé de produire elle-même des carburants synthétiques. Une opération quasi neutre en émissions, grâce au captage de CO2 dans l'air et à de l'éolien. Les véhicules électriques ne résoudront pas tout, nous le savons déjà : on tente de résoudre un problème en en créant un autre, c’est un fait. Porsche a ouvert officiellement, fin 2022, une usine pilote du nom d'"Haru Oni", à Punta Arenas, au Chili.
Les e-carburants y sont produits à base d'eau et de dioxyde de carbone capté dans l'air. Le processus de production est énergivore, mais en utilisant des éoliennes dans une région où les vents sont violents, Porsche estime que ses carburants sont presque neutres en CO2, même après leur phase de combustion. Nous n’avons pas fini de parler des moteurs thermiques. Ouf : même si les moteurs électriques sont particulièrement performants, les puristes vont aimer.
5. L’avion zéro émission est en cours d’étude avancé.
Airbus UpNext et le CERN ont signé un contrat de collaboration visant à développer un avion électrique zéro émission. L'appareil sera basé sur des technologies supraconductrices innovantes. Pour parvenir à développer un avion électrique zéro émission, les technologies électriques doivent être modernisées. Pour ce faire, l'avionneur compte utiliser le savoir-faire du CERN dans ce domaine. Pour rappel, les matériaux supraconducteurs ont la capacité de faire transiter un courant électrique sans aucune perte. Cette technique permet une efficacité proche de 100 % et une réduction de la masse globale des matériaux utilisés. Cela devrait prendre une petite décennie pour concrétiser cette avancée majeure.
« Les technologies supraconductrices ont permis de faire certaines des plus grandes découvertes en physique des hautes énergies. Si elles étaient appliquées aux systèmes de distribution d’électricité des avions, elles réduiraient considérablement le poids des avions et les rendraient plus efficaces. Le CERN possède plus de 40 ans d'expérience de la construction de systèmes supraconducteurs battant des records d’intensité, qui sont au cœur des accélérateurs de particules d'aujourd'hui et de demain. En offrant une faible résistance au passage du courant, ces systèmes permettent de transmettre des intensités de courant beaucoup plus élevées que les câbles classiques, qui sont plus lourds et ne sont pas supraconducteurs », a expliqué José Miguel Jimenez, chef du département Technologie du CERN en décembre 2022.
6. La planète est bien plus forte qu’on n’avait imaginé.
Loin d’être un discours à contre-courant de l’écologie, l’optimisme c’est aussi admettre que des efforts considérables sont fait pour préserver la planète. Ne cédons pas au catastrophisme médiatique sur l'état de la planète, tout ne va pas dans le mauvais sens. Des actions autour du globe commencent à porter leurs fruits. Ces deux dernières années, les divers confinements en particulier, ont démontré que la nature reprend très vite ses droits et c’est encourageant ! Voir des dauphins dans la baie de Venise était inespéré. Les paquebots de croisière de plus de 25 000 tonnes (plus de 200 passagers) sont désormais interdits sur le Grand Canal de Venise. Après avoir longuement hésité, le gouvernement italien est finalement déterminé à préserver sa lagune.
Le nombre d’arbres plantés et la reforestation dans le monde est considérable.
353 millions d'arbres ont été plantés en Éthiopie, rien qu’en juillet2020. C'est un record mondial, loin devant le précédent, détenu par l'Inde qui en avait mis en terre 60 millions en une journée en 2017.
Les émissions de CO2 est en chute constante depuis ces trois dernières années.
7. Des relations patron/salarié plus détendues.
Les nombreuses prises de conscience de ces dernières années sur les attitudes des patrons et dirigeants commencent à entrer dans un changement de comportement favorable au mieux-être des collaborateurs, mais aussi de ces mêmes dirigeants.
Les différentes crises sanitaires nous ont forcés et a accéléré cette prise de conscience à changer les liens de subordination qui, progressivement, deviennent des liens de collaborations intelligentes.
La bienveillance, la gentillesse, la vulnérabilité, la coopération, l’autonomie, la confiance, l’engagement, le télétravail ne sont pas des « tendances » mais des comportements des temps modernes. Si tout n’est pas encore équilibré ni parfait, nous sommes sur le bon chemin.
L’engagement et l’intégration sont au cœur des entreprises françaises désireuses de s’inscrire dans le monde de demain. Chaque jour je rencontre des entreprises françaises et des dirigeants qui vont dans ce sens, c’est encourageant.
8. De nouvelles méthodes de travail se démocratisent et se banalisent.
La pandémie qui aura duré plus de 2 ans a eu pour effet bénéfique que nous avons, forcés, découvert que nous pouvions travailler autrement et délocalisé, de chez soi. L’hybridation de la vie professionnelle est engagée. Si, dans un premier temps, surpris par l’urgence de la situation, nous avons abusé du télétravail, au point de créer de nouveaux maux, aujourd’hui nous l’avons adopté avec ses avantages en termes de trajets économisés, donc moins d’émission de CO2 et de temps perdus sur les routes, nous nous sommes rapprochés de nos familles qui font désormais partie intégrante de notre vie professionnelle. Il était temps de lier les deux. Nous savons enfin que famille et travail peuvent se concilier sans perdre en efficacité et en pertinence. Aujourd’hui, travailler avec nos enfants en fond n’est plus tabou ni mal vu. Mieux : cela fait partie de la vie et on a gardé ses performances. S’ils sont malades, les parents peuvent travailler de chez soi, plus besoin de prendre un congé exceptionnel, c’est magnifique !
En ce qui me concerne, mon fils de 4 ans est souvent venu me rejoindre dans mon bureau pour venir sur mes genoux pendant une visio et ça donnait même le sourire à mes interlocuteurs ! (Bon, après, il est très sage, ça joue)
9. Des avancées majeures dans la santé.
Les chercheurs ont longtemps pensé qu’il était possible d’immuniser les individus à haut risque de cancer, voire de guérir le cancer chez ceux qui en présentaient déjà des signes. Jusqu’à récemment, ils avaient quelques progrès, mais maintenant les résultats prometteurs d’études préliminaires redonnent de l’espoir à certains médecins. Moderna a déclaré en décembre 2022 qu’un vaccin contre le cancer de la peau avait bien fonctionné dans les essais. Plusieurs laboratoires travaillent sur des dizaines d’autres vaccins pour traiter divers autres cancers. La contraception féminine devient gratuite jusqu’à 25 ans. Les préservatifs le sont désormais aussi pour les jeunes de 18 à 25 ans. Pour lutter contre les infections sexuellement transmissibles, le dépistage du VIH est désormais pris en charge à 100 % sans ordonnance.
Autre avancée : les personnes handicapées sourdes et aveugles, ou souffrant d’une altération cognitive, psychique et mentale vont pouvoir bénéficier d’un financement pour obtenir les services d’une auxiliaire de vie pour les aider au quotidien, à faire leurs courses, prendre les transports en commun, ou encore effectuer des démarches administratives.
10. Une quête de sens dans tout ce que nous faisons change nos rapports avec notre vie professionnelle mais aussi avec nos propres objectifs de vie personnelle.
Ces dernières années ont été une révélation : le travail n’est plus au centre d’une vie épanouie. C’est l’un des défis majeurs des DHR : intégrer ces changements d’enjeux et d’attentes et rendre leurs entreprises plus attractives, il faut urgemment fidéliser les collaborateurs qui ne se contente plus d’un salaire en fin de mois. Les politiques de RSE (Responsabilités Sociétale des Entreprises) sont au cœur des préoccupations de nombreuses entreprises françaises et c’est bien ! Aujourd’hui on prend de plus en plus en compte les potentiels, les envies, les talents et les besoins des salariés.
Plusieurs experts et dirigeants, chefs d’entreprise que je rencontre, savent que l’économie et la société va se redresser et trouvera des points d’équilibre. Nous vivons des temps passionnants en termes de changements radicaux dans nos modes de fonctionnements et de consommation. Alors que les pessimistes se plaignent et voient l’avenir d’un mauvais œil, les optimistes se relèvent, s’adaptent, transforment, innovent, inventent pour s’adapter, améliorer le monde et repartir de plus belle. Le monde va de mieux en mieux !
À mémoire d’Homme, ces transformations sont historiques.
Autorisons-nous à l’optimisme, même si cela peut prendre encore des années, nous sommes sur la bonne voie. Ne cédons pas au courant de panique relayée par les médias qui font dans le sensationnalisme et le court terme. Les médias, c’est pas la vie. Les optimistes refusent la fatalisme et l’attentisme. Ils font que les choses arrivent parce qu’ils sont dans l’action. Pour eux, ne pas subir, c’est être dans l’action permanente.
2023 sera une belle année !
Michel Poulaert, conférencier optimiste professionnel
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