« Ne sois pas trop gentil ! Tu vas te faire bouffer ! »
« Cesse d’être gentil ! Sois fort ! »
« Tu ne te feras jamais respecter si t’es trop gentil ! »
Ces injonctions, nous les avons toutes entendues.
Dans un cadre professionnel, au travail, entre collègues, avec les clients et prospects, la gentillesse est-elle une force, une faiblesse, un atout, un piège, un signe de naïveté ?
Le mot est galvaudé et parfois même… réducteur :
« oh lui ? C’est un ’gentil’ ! »… Tout est dit !
La gentillesse peut être ressentie comme « subjective ».
Avons-nous tous une même interprétation de la gentillesse ? Clairement non !
Nos contextes sociaux, psychologiques, historiques et émotionnels peuvent avoir une influence sur cette perception.
Donner un conseil ou faire un feedback, par exemple, peut être motivé par un acte de bienveillance : on veut faire grandir l’autre, on peut y mettre les formes, mais celui qui l’entend est-elle réceptive, est-ce le bon timing, le bon ton ?...
L’affaire semble complexe et fait l’objet de beaucoup de malentendus et engendre des réactions du genre « mon intention était bonne » ou « je ne voulais pas te blesser ».
Au fond, ce n’est pas la gentillesse qui pose problème, mais la raison pour laquelle on est gentil.
Nous le savons, tout part de l’intention, la motivation, la raison de nos comportements et ressentis, mais aussi ceux que les autres vont percevoir qui fait la différence entre se faire berner ou être respecté.
Si la gentillesse répond à un besoin viscéral d’être accepté, aimé, valorisé, lié à des peurs du rejet ou de l’abandon, vous vous tromperez souvent et surtout… les manipulateurs ou les profiteurs (qui ne sont pas forcément des manipulateurs) auront vite fait de vous repérer…
Pourquoi sommes-nous réellement gentils ?
Si c’est par manque de confiance en soi et par peur d’être rejeté, alors il est temps de réévaluer les vraies raisons pour lesquelles nous sommes gentils.
"La gentillesse est la noblesse de l'intelligence". Jacques Weber
La gentillesse m’a permis d’obtenir beaucoup, beaucoup plus que mes collègues et amis avec la gentillesse. Mais la gentillesse en pleine conscience et… inconditionnelle.
Là où d’autres se trouvaient devant des portes fermées ou faisaient face à des « impossibles », la gentillesse est un pouvoir extrêmement puissant, tel une clé qui ouvre beaucoup plus de portes que les autres. Elle m’a même valu la réputation du « gars pour qui tout est possible ». Mais aussi celle de celui qui ne dit jamais non… et je me suis cramé les ailes car j’en faisais trop et je me retrouvais souvent seul après avoir fait preuve de gentillesse. Pire : certains se sont même retournés contre moi après avoir reçu ce qu’ils venaient chercher.
Alors j’ai compris qu’il fallait que je me protège, j’ai cherché à être aigri…
Ce n’est pas ma nature et ça n’a pas duré longtemps.
Alors j’ai essayé de ne plus aimer les autres…
Je n’y suis pas arrivé, c’est viscéral…
Alors j’ai compris que tout partait de l’intention. Pourquoi étais-je réellement gentil ?
On aime tous avoir affaire à des interlocuteurs gentils, ils donnent confiance, ils génèrent de l’empathie, ils sont plus optimistes, positifs, bienveillants.
Au fond, vous, vous aimez collaborer avec quelqu’un de désagréable, aussi « authentique » soit-il ?
Mais être gentil ne rime pas avec « tout accepter et fermer sa g… ».
Être gentil ce n’est pas dire « oui » à tout et à tous.
Être gentil ce n’est pas s’écraser pour que d’autres volent votre lumière.
Mais… les gentils peuvent-ils, eux aussi, réussir ?
Selon moi, la gentillesse c’est la capacité à faire preuve de générosité sans se faire défaut à soi, de faire preuve d’empathie et d’une volonté sincère d’être là pour l’autre mais dans un contrôle de ses émotions, valeurs et besoins. J'ai ouvert plus de portes avec la gentillesse que mes homologues énervés, impatients, autoritaires et agressifs.
Selon un article paru dans le Harvard Business Review, s'engager à être gentil peut apporter de nombreux avantages importants. Tout d'abord, et c'est peut-être le plus évident, la pratique de la gentillesse est immensément utile à nos collègues. Le fait d'être reconnu au travail contribue à réduire l'épuisement professionnel et l'absentéisme, et améliore le bien-être des employés, constate Gallup année après année dans ses enquêtes auprès des travailleurs américains.
Recevoir un compliment, des mots de reconnaissance et des éloges peut aider les individus à se sentir plus épanouis, à renforcer leur estime de soi, à améliorer leur auto-évaluation et à déclencher des émotions positives, comme l'ont montré des décennies de recherche. Ces conséquences positives en aval des compliments sont intuitivement logiques : Les compliments s'alignent sur la vision naturellement positive que nous avons de nous-mêmes, confirmant ainsi notre valeur personnelle.
Deuxièmement, la pratique de la gentillesse aide à donner plus de sens à la vie. Par exemple, le fait de dépenser de l'argent pour les autres, vous savez, ce plaisir que nous avons d’offrir un cadeau et de faire du bénévolat améliore le bien-être, apporte du bonheur, selon cette recherche.
La gentillesse donne un sens à la vie parce qu'elle implique un investissement dans quelque chose de plus grand que nous. Il façonne à la fois la façon dont les autres nous perçoivent - ce qui améliore notre réputation et la façon dont nous nous percevons nous-mêmes.
Troisièmement, faire des compliments peut nous rendre encore plus heureux que d'en recevoir. Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont jumelé des participants et leur a demandé d'écrire ce qu’ils pensent d’eux-mêmes puis de parler d'eux les uns avec les autres.
Ensuite, il leur a été demandé de faire un compliment honnête sur quelque chose qu'ils aimaient ou respectait chez l'autre participant après l'avoir écouté.
Le fait de donner des compliments rendait les gens plus heureux que de les recevoir
En réponse au sondage que j’avais mené pour l’écriture de cet article, plusieurs internautes ont réagi dont en voici quelques-uns (merci à vous tous qui participez et commentez !) :
« Le fait d'être gentil n'est pas fait pour les faibles d'esprit, il faut être fort pour être une Source de gentillesse parce que, à mon avis, du moment où c'est une valeur a défendre, quelque chose qui nous nourrit profondément on doit être fort pour affronter les mauvaises interprétations de notre gentillesse qui sera le plus souvent " la naïveté et la faiblesse".
Le fait d'être fort nous sauve de la position du "sauveur " et nous permet de dire "non" quand il faut, ça fera comprendre à l'autre que nous sommes une Source de gentillesse quand NOUS, le voulons et pas quand les autres le veulent. »
« Je ne remercierai jamais assez un nageur de combat du nom Alain R. Qui s'est montré gentil et agréable sans arrières pensées... tout simplement un grand monsieur protecteur et gentleman...même avec la carrière et l'expérience qu'il a, je pense il a su se montrer super sympa dans un milieu militaire déstabilisant et impressionnant, cela m'a vraiment aider à m'affirmer à vivre l'expérience différemment...
Je pense que les alliances Supra tribales continuent d'exister comme pendant notre enfance : à la cour de récré il faut oser fréquenter les gentils et du coup oser se montrer gentil soi-même. »
« On entend souvent "je suis trop gentil"... Et moi je réponds "on ne l'est jamais assez"
La gentillesse est une force qui fédère et fait avancer au sens large. »
« La gentillesse fait partie du savoir être et savoir-vivre. Écouter, comprendre, être empathique tout en sachant se positionner et expliquer clairement sa pensée. C’est l’une des clés du bonheur ! »
« La gentillesse est une force incroyable, elle ravit celui qui la donne et celui qui la reçoit. La gentillesse est un acte puissant et un cadeau précieux que n'importe qui peut offrir. Nul besoin de compétences ou d'expérience. »
« Gentillesse et posture pour savoir imposer ses limites. »
« La gentillesse est la vertu du don donc de la réception.
La gentillesse est l'ouverture à soi donc à l'altérité.
La gentillesse est la générosité spontanée, celle qui va droit au cœur alors que la justice ou la justesse s'adressent à notre raison ou à notre tort.
La gentillesse n'est point naïve puisque solidaire donc solide.
La gentillesse est le partage d'une même histoire, l'histoire de notre vie, notre voyage commun trop court certes mais au long cours assurément. »
« La gentillesse est bel et bien une force car elle permet des relations professionnelles plus harmonieuses. J'associe la gentillesse à la courtoisie, l'amabilité, l'écoute de l'autre, l'entraide, l'appréciation de l'autre. En fait c'est être optimiste aussi, non ? En tout cas, c'est bien dommage que les gens l'associent à de la naïveté. C'est loin d'en être. »
Le résultat du sondage est évocateur et je termine sur ce chiffre :
91% d’entre-vous ont affirmé que c’est… une force !*
Alors, soyons gentils bon sang ! 🤗
*166 votants